20090820

Another Trip on Paradise & die Kunst in Berlin



















Yves Klein - Le saut dans le vide - 1960

Après quelques verres de vin blanc et une haleine pas toujours très fraîche dans ces conditions ( le vin est la clope, ça reste une expérience super violente ), lors de son vernissage au centre d'art contemporain le (9)bis, Jérôme Poret me racontait les ouvertures possibles auxquelles étaient rattachés les questionnements de son installation Résilience: entre espace sonore à reconstruire et mécanique duveteuse d'une possibilité maternelle amortissante.

Détails de l'exposition:

La résilience est un phénomène qui caractérise le pouvoir d'absor
ption d'un choc sur un matériau. Elle est cette capacité d’un matériau à résister à des assauts ou à retrouver son intégrité après-les dits assauts. Pour réconcilier les « anciens » et les « modernes », on peut considérer que la résilience est une qualité de l'acier, dont le synonyme était la ténacité avant l'avènement de la mécanique de la rupture, et que sa mesure est l’énergie de rupture. La résilience écologique est la capacité d'un habitat, d'une population ou d'une espèce à retrouver un fonctionnement et un développement normal après avoir subi une perturbation importante. On évoquera par exemple la résilience d'un écosystème forestier pour décrire sa capacité à se reconstituer suite à un incendie par la cicatrisation d'individus résistants au feu (1). Dans le domaine de l'assistance aux collectivités en cas de catastrophe naturelle ou causée par l'homme, on parle de communautés résilientes.

La résilience est un phénomène qui consiste, pour quelqu'un touché par un traumatisme, à prendre acte de son traumatisme pour ne plus vivre dans la dépression et le poison que ce traumatisme peut causer. C'est « vivre avec ».En France et après John Bowlby qui avait introduit le terme dans ses écrits sur l'attachement, c'est l'éthologue Boris Cyrulnik qui développe le concept de résilience en psychologie, en partant de l'observation des survivants des camps de concentration, puis dans divers groupes d'individus, dont les enfants des orphelinats roumains et des enfants des rues boliviennes. Auparavant, l'on parlait d'« invulnérabil
ité », mais la résistance absolue n'existe pas.On parle alors de trauma qui est résorbé par une certaine quantité d'affect. Il faut quelque chose dans le réel qui provoque une surprise et rende la " chose" saillante. Sans saillance, rien n'arriverait à la conscience (2).

En opérant dans l'espace du 9 bis une " reconfiguration du temps et de l'espace ‘’, je veux au travers d'un "objet son" (3) créer une "chose sonore" qui n'a plus d’autre sujet à traiter que celui dont elle est constituée(4). Je veux dissocier l'objet de sa source. Seule reste son ombre portée dans l'espace. L' espace devient alors un stimuli pour la perception en devenant une zone désaffectée, c’est-à-dire à la fois sans affectation et sans affection. Une zone d'ombre qui est mise en lumière par une infinité d'éléments du réel, pour en faire un événement.
J'utilise un "système son" fait de récupérations, pour redonner une seconde vie à des objets qui ont perdu leur fonction originelle. On ne sait plus si cela a été conçu pour sonoriser une salle de type concert, cinéma ou théâtre. Il est par la suite "customisé” "(5), pour devenir un semblant de matériel de scène lui octroyant une origine plus instrumentale, lui concédant ainsi un pouvoir affectif potentiel.
Objets bâtards au Design incertain, les speakers évoluent sur une plateforme mi-podium/mi-socle, la lumière provient du service de la voirie d'une ville. L'éclairage de ville fabrique un phare en négatif teinté de couleur sodium.
En matière de son, utiliser un matériau résilient se résume à faire disparaître les vibrations causées par certaines fréquences. Cette disparition entame l'objet sonore qui perd certaines de ses caractéristiques face à l'environnement qui le ‘supporte’. Son rayonnement en est alors affecté.


Jérôme Poret


(1) source canadienne de l’Environnement (2) Boris Cyrulnik le murmure des fantômes chez Odile Jacob 2003 (3) Tel que Pierre Schaeffer l’a théorisé dans le traité des objets musicaux sur son essai interdisciplines aux Editions du Seuil (4) traitement dans le sens d’un échantillonnage thérapeutique ou sonore (5) ‘Customise’ traduction anglosaxonne: personnaliser grâce à des spécifications
















Carton d'invitation - Jérôme Poret


Ok pour la résilience, on comprend alors pourquoi cet intérêt porté pour le saut dans le vide de Klein cherchant du fait à être au plus près de l'espace, thème prépondérant dans son oeuvre qui aurait bien eu besoin d'une Maman pour le consoler après la chute si toute fois l'image n'avait pas était un montage.

Pourquoi Klein ? Par ce que c'est cette photographie qui a été le déclencheur artistique de Jérôme Poret, ayant vu cette rencontre avec l'espace et sa physicité, ce touché spatial comme un témoignage avant l'heure des manifestations hardcore de la scène punk berlinoise ou ladite résilience réside dans le cocon mécanique d'une salle de concert et non finalement dans l'amas humain sur lequel les fous adeptes du stage-diving sont censés se ramasser.
Parce que J. Poret, c'est un mec qui vient de la scène punk, et ça se sent dans son boulot. Ces installations sonores sont des hommages minimalistes de la partie la plus brut de pomme de la musique de Neubauten.
Et le plus important dans tout ça, c'est que j'ai écrit ce post rien que pour dire que Jérôme Poret a des airs d'Alexander Hacke, bassiste déglingué et génial du groupe berlinois de Blixa Bargeld.

Alexander Hacke - I Hate You


Die Haut - Hand - Extrait de l'album Sweat


Site officiel et blog de l'expo Résilience de Jérôme Poret
Site Officiel et page Myspace d'Alexander Hacke



Humeur(s)